Pavillon 8x8 « Dollander », Jean Prouvé constructeur, Henri Prouvé architecte
Le pavillon de 8mx8m de 1947, présenté à partir de cet été dans le jardin du musée des Beaux-Arts à Nancy, appartient au corpus très restreint des réalisations des Ateliers Jean Prouvé faisant la liaison entre leur production d’habitat d’urgence à la fin de la guerre et celle des « maisons usinées », imaginées par les frères Prouvé pour la Reconstruction nationale définitive. Chaque réalisation de cette série, qu’elle soit exemplaire unique ou multiple (en général deux ou trois maximum) peut être considérée comme un prototype en soi.
C’est le cas des pavillons commandés en 1947 par l’industriel vosgien Roger Dollander pour son usine de tissage à Fresse-sur-Moselle. Les deux seuls exemplaires réalisés (8x8m et 8x12m) ont été conservés sur place et habités jusqu’au début des années 90 puis démontés et sauvegardés.
Répondant à la demande de ce dernier pour un projet de « lotissement « destiné à son personnel (deux pavillons seulement seront exécutés) à proximité de son usine de tissage des Lesses, Henri Prouvé s’attache à se démarquer de l’aspect traditionnel des baraques provisoires, en jouant avec les largeurs différentes des panneaux de façade en bois et métal ; il compose un plan d’aménagement intérieur fluide et fonctionnel autour du portique central et dessine un élégant auvent protégeant l’entrée.
La famille Dollander entretient avec les Prouvé des relations amicales. Celles-ci sont particulièrement étroites entre Jean et le jeune frère de Roger, Alexis : les deux hommes ont notamment en commun leur engagement dans la résistance nancéienne dans les FFI. Roger Dollander et son épouse Marguerite sont également de fervents amateurs d’art moderne.
La « renaissance » de cette maison, valorisée par une restauration scrupuleuse, est une démonstration de la modernité et de l’actualité de la démarche de Jean Prouvé.
Sa visite, comme celle de sa maison personnelle et de son bureau-atelier à Nancy, permettra au public de décrypter dans le détail l’apport technique et l’engagement éthique de Jean Prouvé, servis par la contribution esthétique de son frère Henri.