Bureau à piètement Compas, 1953
Le piètement Compas de 1953 est le dernier type de structure appliquée à du mobilier inventé par Jean Prouvé. C’est aussi l’une de ses créations les plus emblématiques, ainsi que la chaise « standard » issue du modèle créé en 1934, avec laquelle les tables et bureaux « compas » sont d’ailleurs souvent associés. Le principe des pieds fuselés en tôle pliée, soudés sur une entretoise en tube de forte section a été appliqué dès 1951 aux types Maternelle et Scolaire, associé à des supports tubulaires plus fins. Le nouveau piètement Compas reprend ce principe en l’épurant : les pieds de section triangulaire sont assemblés deux à deux et soudés sur la traverse, qui reçoit également une console triangulaire en tôle pliée à chaque extrémité. Dénommé Compas dès sa création, ce châssis a été appliqué simultanément à des tables et des bureaux, qui diffèrent essentiellement par la disposition — symétrique ou asymétrique — des pieds de part et d’autre de l’entretoise, et par le profil des consoles. Le prototype du modèle asymétrique, destiné principalement aux marchés des écoles et des bureaux, présente un assemblage particulier, dans lequel le tube d’entretoise ouvert dépasse des pieds qui sont soudés à l’extérieur des consoles d’extrémité. Bien qu’il ait été présenté dans un document publicitaire, ce modèle n’a vraisemblablement pas été diffusé en grande série. Sur le piètement plus couramment fabriqué à partir de 1953, les consoles soudées à chaque extrémité dissimulent l’assemblage des pieds et du tube d’entretoise. Le châssis est adapté à la forme et à la taille du plateau et peut comporter des consoles intermédiaires pour la fixation des tiroirs et pour le renfort, notamment dans le cas des variantes galbées ou doubles. Les modèles plus particulièrement destinés au travail de bureau, droits ou cintrés, (dénommés à partir de 1956 Secrétaire ou Direction) existent en plusieurs tailles et sont équipés de caissons en bois ou métal recevant des tiroirs en bois, métal ou plastique. Les plateaux sont réalisés en bois massif ou latté, recouvert ou non de plastique stratifié. Les pieds peuvent être pourvus de rondelles de protection soudées. Plus légers, ces modèles complètent la gamme des bureaux Direction no 200 et Secrétaire no 202. Le marché scolaire et universitaire suscite des adaptations, telle l’adjonction d’une case en tôle sous le plateau avec plumier et encrier (identique à celui des pupitres biplaces). Un prototype entièrement en aluminium est mis au point en 1953 : une table-bureau à deux places dont les consoles d’extrémité sont remplacées par une armature en tôle d’aluminium formant casier. Une variante économique remplace les pieds triangulaires en tôle pliée par des tubes. Ce modèle, muni de tiroirs en plastique sur glissières dessinés par Charlotte Perriand, équipera les chambres de célibataires de la cité universitaire d’Antony aménagées par les Ateliers Jean Prouvé à la suite du concours de 1955. Diffusés puis édités par Steph Simon, les différents modèles de bureaux à piètement Compas resteront disponibles sur le marché plus longtemps que les tables à même piètement (Cafétéria no 512). Avec le bureau Présidence, ils figurent encore au tarif de décembre 1965, en plusieurs tailles et avec divers équipements.