Bureau d’études, Maxéville, 1948
Associé politiquement à la réflexion de l’État français – trop timide à son avis – sur la reconstruction définitive du pays, Jean Prouvé prône une véritable révolution industrielle du bâtiment. À l’échelle de ses Ateliers, sa contribution immédiate porte sur le perfectionnement du système constructif à portiques axiaux, créé et breveté avant la guerre ; une version d’urgence est alors appliquée à des baraquements provisoires en cours de fabrication. Les améliorations techniques et architecturales apportées au prototype destiné à préfigurer un modèle industrialisé d’habitation familiale1 permettent, en l’espace de quelques mois, malgré la pénurie de métal qui perdure et la contrainte de réserver l’emploi de la tôle pliée à la structure porteuse, de répondre à la commande du ministère de la Reconstruction : un exemplaire de démonstration à monter à Noisy-le-Sec, dans une cité d’expériences destinée à convaincre le grand public des qualités de la maison préfabriquée. Encouragé par plusieurs promesses de commandes, dont celle de ses amis Duval et Colin qui militent avec lui en faveur du projet de reconstruction de Le Corbusier à Saint-Dié-des-Vosges, Jean Prouvé met simultanément en fabrication plusieurs exemplaires de cette maison, lauréate en 1947 du concours des Maisons nouvelles. Pourtant, cette petite série restera sans suite, trop marquée par son aspect extérieur évoquant les constructions provisoires, et surtout discréditée par les retards de livraison des Ateliers qui finiront par décourager les commanditaires. C’est ainsi que l’exemplaire destiné à la reconstruction de Saint-Dié, qui aurait du être livré dès 1946, restera finalement stocké à l’usine de Maxéville, où il ne sera monté qu’en 1952 pour servir de bureau d’études aux Ateliers Jean Prouvé.
1. Pavillon 8x8 fabriqué à 2 exemplaires en 1945, montage publié dans L’Architecture d’aujourd’hui fin 1945 ; l’un d’eux deviendra le bureau de J. Prouvé à Maxéville.