Pupitre biplace, 1935
En 1935, afin de répondre à un appel d’offres relatif à la fourniture de mobilier pour l’École nationale professionnelle de Metz, Jean Prouvé s’intéresse de nouveau à l’équipement scolaire et au marché qu’il représente. Il crée le principe d’un pupitre biplace avec un châssis en tôle pliée composé d’une poutre longitudinale et de piètements soutenant des sièges et plateaux en bois. Les pieds fuselés montés sur des tubes transversaux sont abandonnés1 pour être remplacés par un profil similaire à celui du piètement arrière de la chaise no 4. Le prototype fabriqué en 1936 présente les principales caractéristiques de ce modèle, qui sera produit en de multiples séries et variantes jusqu’aux années 1950 : sur la poutre caissonnée sont soudées les armatures tubulaires des piètements auxquels sont fixés les éléments en bois. La réalisation d’une importante série pour l’ENP de Metz conduit les Ateliers Jean Prouvé à commercialiser sur le même principe — dont le modèle est déposé — trois variantes de pupitres biplaces pour adultes, qui peuvent être dotés d’équipements et de sièges en tôle (no 51, no 52, no 57) ainsi qu’une déclinaison conçue pour être assemblée en batterie (no 59). Les catalogues et publicités vantent leurs qualités de robustesse et de sécurité. Dans l’après-guerre, le modèle est légèrement modifié : la poutre centrale est affinée, un gousset métallique y est soudé pour séparer les casiers, des équerres sont également soudées sur les pieds avant pour soutenir le plateau, les sièges en tôle emboutie sont dotés de dossiers plus larges. Il est proposé en deux puis trois tailles. La demande est telle que les Ateliers Jean Prouvé doivent avoir recours à la sous-traitance2. Certaines prescriptions du ministère de l’Éducation nationale, comme l’interdiction des sièges en métal et des casiers fermés, entraînent des modifications de détail. Début 1952, est également commercialisée une version plus légère (no 850) produite en quatre tailles, qui correspond aux nouvelles directives : les piètements fuselés de section triangulaire sont amincis, l’entretoise en tôle est remplacée par un tube, le casier en contreplaqué est complètement ouvert. L’année suivante, une version en tôle d’aluminium de ce modèle est mise à l’étude mais, pas plus que celle prévue avec un piètement en aluminium coulé, elle ne dépassera le stade du prototype.
1. Ils seront repris quinze ans plus tard pour le modèle Maternelle.
2. Entre autres, la SCAN (Société de constructions aéro-navales) à La Rochelle, leur principal concurrent pour les bâtiments scolaires industrialisés.