Bureau type CPDE, 1934
Après un premier projet de bureau courbe, non réalisé (1932), le concours pour l’aménagement du nouveau siège de la Compagnie parisienne d’électricité (CPDE) est l’occasion pour Jean Prouvé de créer un ensemble de mobilier de bureau, qui va poser les principes essentiels de ses modèles à venir. Pour les tables-bureaux entièrement métalliques, il met au point l’idée d’un châssis applicable à différents modèles : l’ossature en tôle pliée soudée est constituée de pieds
« orientés dans deux plans perpendiculaires » et ceinturés sur trois côtés par une large bande également en tôle pliée. Des caissons latéraux suspendus peuvent se loger de part et d’autre du tiroir central et recevoir plusieurs types d’équipements interchangeables. Outre une solidité à toute épreuve, Jean Prouvé vise surtout le confort de l’usager : de vastes plans de travail métalliques (3 tailles) recouverts de glace ou de linoléum, dont la hauteur permet de croiser les jambes, un plateau spécial pour dactylo avec un décaissé à l’emplacement de la machine à écrire, des parties métalliques insonorisées, de nombreuses combinaisons et détails d’aménagement — entre autres, une tablette pour téléphone, une corbeille à papier ou un panier à courrier pivotant pouvant être fixé sur le châssis. Les parties métalliques sont généralement émaillées de couleur, noir ou jaune clair ; une variante propose d’équiper les pieds d’un sabot protecteur en acier inoxydable.Ce modèle a donné lieu à la production de l’une des plus importantes séries de mobilier par les Ateliers Jean Prouvé : environ un millier de pièces (800 pour la CPDE), dont une partie exécutée en sous-traitance. Salué dans la presse spécialisée de l’époque comme l’exemple rare d’un modèle de série pouvant être utilisé à la maison, ce bureau est fabriqué jusqu’en 1939, date à laquelle les études reprennent, afin d’en alléger le
châssis : doté de pieds profilés, le nouveau modèle de bureau métallique BM sera l’un des plus diffusés après la guerre.