Maison Métropole, 1949
« La qualité des éléments préfabriqués des maisons Prouvé est inégalable, dans le monde entier. Il est impossible de faire mieux. Même en Amérique. » Assortie de considérations sur la nécessité d’une fabrication en masse, la déclaration du ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU), Eugène Claudius-Petit, lors de sa visite officielle des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville, en juin 1949, renvoie à son projet de résorber la crise en encourageant la production industrielle de « logements économiques de conception nouvelle ». Pour Jean Prouvé, il s’agit de démontrer sa capacité à s’inscrire dans cette politique ambitieuse et de motiver ainsi l’aide de l’État au lancement d’une série suffisante pour permettre d’abaisser le prix de revient. Préfigurant sa version pour la métropole, le prototype d’une maison à portiques intérieurs destinée à l’outre-mer, monté partiellement à l’usine, convainc les décideurs et les architectes présents aux côtés du ministre de l’excellence du procédé de préfabrication intégrale développé par Jean Prouvé ; l’appui de l’Aluminium français et de sa filiale commerciale Studal valide la faisabilité d’une mise en production immédiate de cette « maison individuelle légère et dynamique, expression de la grande série donc caractéristique de l’industrie ». Mais la commande publique se limite à douze maisons « standard », loin des centaines nécessaires au démarrage d’une filière industrielle. Entièrement préfabriquée, structurée d’acier et carrossée d’aluminium, la maison Métropole sera produite artisanalement à Maxéville à moins de 25 exemplaires : présentée comme un « produit de consommation » populaire, ses qualités de légèreté, de confort et d’évolutivité ne compensent pas son prix – supérieur de 40% à la construction traditionnelle – ou son esthétique particulière qui l’apparente davantage à un objet d’avant-garde accessible seulement à une élite. En 1950, alors que l’accueil enthousiaste du grand public au Salon des arts ménagers n’a débouché sur aucune commande, la proposition de l’État de présenter un ou plusieurs exemplaires de la maison Prouvé à l’exposition « Synthèse des arts majeurs » initiée par Le Corbusier est un premier indice de la place très particulière qu’occupera cette production confidentielle dans l’histoire de la modernité architecturale.